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Ce mardi 8 décembre 2020, le site officiel de la radio américaine NPR a publié une interview podcast Fresh Air avec Kate Winslet, dans laquelle l’actrice revient sur l’expérience « Ammonite ». Découvrez l’article traduit intégralement par Kate Winslet France ainsi que l’enregistrement audio ci-dessous.

Pour Kate Winslet, l’un des meilleurs aspects du métier d’acteur est d’accepter des rôles qui lui font peur – et c’est exactement ce qui s’est passé dans son dernier film, Ammonite.

Ammonite est une histoire d’amour qui se concentre sur un personnage historique réel : Mary Anning était une paléontologue autodidacte qui vivait sur la côte sud de l’Angleterre au XIXe siècle. Elle a découvert des fossiles qui ont contribué de manière importante à la compréhension de l’évolution – mais elle n’a pas eu beaucoup de reconnaissance car c’était une femme pauvre et sans relations.

Selon Winslet, capturer le tempérament stoïque d’Anning a été son plus grand défi pour ce rôle.

« En jouant ce rôle, j’avais peur tous les jours », dit Winslet. « Les détails émotionnels du rôle de Mary sont si subtils et si peu nombreux. Il y avait deux émotions que je n’avais pas le droit de montrer en jouant Mary Anning : un bonheur et une tristesse quasi-invisible, pas de vraies larmes. »

Le film imagine une relation romantique intense entre Anning et la jeune femme d’un homme en visite, jouée par Saoirse Ronan. Winslet affirme que la lecture de lettres de l’époque a contribué à façonner la représentation de cette relation.

« Une partie de notre histoire ne consiste pas à présenter ces deux personnages comme s’ils avaient d’une manière ou d’une autre une histoire d’amour secrète ou interdite », dit-elle. « C’est une histoire qui normalise et exprime l’amour entre deux personnes du même sexe sans hésitation, sans secret ni peur. »

Sur les contributions de Mary Anning à la paléontologie.

Mary Anning était complètement autodidacte. Elle était une enfant sans éducation. Elle a appris à trouver des fossiles, à être paléontologue. Elle l’a appris de par son père, qui est mort tristement alors que Mary n’avait que 11 ans. Et Mary était très proche de son père. Elle avait une relation vraiment chaleureuse, significative, incroyable, un lien fort avec lui. Et grâce à lui, elle a été éternellement fascinée par les fossiles, et a su comment identifier un fossile, pas seulement à trouver des ammonites, mais aussi à trouver des os de dinosaures.

Elle a découvert le premier ichtyosaure à l’âge de 11 ans avec son frère, Joseph. Il leur a fallu plus d’un an pour le déterrer. Mais elle était enfant quand elle l’a découvert. Elle a découvert ce qu’était un coprolithe, c’est-à-dire des excréments fossilisés. Et grâce à Mary, nous avons pu apprendre et savoir ce que mangeaient les dinosaures. Son rôle dans ce domaine scientifique particulier a donc été très, très important. Et, bien sûr, ce qui est arrivé à Mary, c’est que ses découvertes lui ont été achetées par des hommes riches et puissants qui les ont revendiquées et se sont donc attribués le mérite. Elle ne s’est jamais attribuée le mérite de quoi que ce soit. En fait, ils ont mis leur nom sur ses trouvailles.

Sur la façon dont son rôle dans Contagion, sorti en 2011, un film qui traite d’une pandémie, l’a aidée à se préparer pour le COVID-19.

J’ai joué une épidémiologiste… et le personnage s’appelait le docteur Erin Mears. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le CDC pour monter cette histoire, et j’ai travaillé aux côtés d’épidémiologistes pour pouvoir jouer ce rôle. Et c’était tout à fait fascinant. En grande partie, je dois être honnête, la science m’est passée au-dessus de la tête. J’ai quitté l’école à 16 ans, et je n’ai pas fait grand-chose dans le domaine des sciences et de la biologie à l’école. […]

Mais lorsque le COVID a frappé, grâce à l’expérience acquise dans le film, j’ai été l’une des premières personnes à marcher dans la rue, à Philadelphie en portant un masque avec des gens qui me regardaient comme si j’étais complètement folle. Et, bien sûr, en quelques semaines, beaucoup plus de personnes portaient des masques et des gants et se promenaient avec du désinfectant pour les mains, des lingettes, du spray, etc. Mais parce que j’ai eu cette expérience et que j’ai appris à quelle vitesse une maladie peut se propager, j’ai eu très vite peur. Et ce sentiment de vouloir sortir d’une grande ville, s’éloigner des gens, protéger sa propre famille – j’ai eu ce sentiment assez rapidement, car j’avais tourné Contagion.

Sur le fait d’avoir été intimidée à cause son poids quand elle était enfant et critiquée pour son poids en tant qu’adulte dans les tabloïds.

Je pense qu’il y a une énorme pression sur les femmes dans l’opinion publique, et l’industrie cinématographique ne fait pas exception à la règle. Et je veux juste vivre ma vie avec une intégrité et une sincérité totales et être toujours moi-même et pouvoir regarder un autre jeune acteur dans les yeux et dire : « Écoutez, des gens m’ont dit que je n’allais pas faire carrière parce que je n’avais pas la bonne morphologie. J’étais trop grosse. Il fallait que je perde du poids. Et regardez, je l’ai fait. » Je dirai cela jusqu’à ma mort. […]

On m’appelait « la petite grasse ». Les enfants m’enfermaient dans un placard et disaient : « La graisse de baleine est dans le placard. » J’ai été très malmenée et taquinée à l’école. Mais d’une certaine manière, j’avais cette détermination intérieure. C’était dur. C’était horrible. Je rentrais à la maison, je pleurais. Je ne voulais pas retourner à l’école le lendemain. Mais je savais que je voulais devenir actrice un jour, et il fallait que je mette cela de côté. Il fallait que je mette de côté ces horribles intimidations et sentiments et que je m’accroche à mon rêve. Un agent m’a même dit, quand j’étais beaucoup plus jeune, que je n’obtiendrais que les rôles de « grosse fille ». […]

[Plus tard], j’ai souffert. […] J’ai énormément souffert de la presse britannique en ce qui concerne mon apparence. Et tout récemment… J’ai dû revoir de vieux articles de journaux datant des années, de 1998 à 2007, 2008. Et j’ai été angoissé de lire à quel point la presse était incroyablement brutale et cruelle. Ils parlaient même de [l’estimation] de mon poids : « Elle a l’air de faire 64 kg. » […] Mais en lisant les choses qu’ils disaient, j’étais stupéfaite… J’ai été victime d’une ridiculisation publique vraiment, vraiment méchante et douloureuse sur mon apparence. La question de savoir ce qui est beau devait donc entrer en jeu pour moi, car je devais travailler dur pour ignorer cette cruauté dont j’étais victime.

Sur les hommes ayant un comportement inapproprié dans l’industrie cinématographique.

Les choses ont changé, doivent changer davantage, mais continuent, je pense, à aller dans la bonne direction au point où je ne pense pas que nous reviendrons un jour sur les situations passés. Sans entrer dans les détails des histoires… J’allais dans une salle d’audition quand j’étais jeune et j’apprenais à accepter le fait que si le réalisateur avait envie de lire les répliques de l’acteur dans une scène particulière et qu’il se rapprochait un peu trop pour être à l’aise – eh bien, vous saviez que c’était comme ça. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ce n’est plus du tout comme ça maintenant. Et je me sens certainement beaucoup plus en sécurité, beaucoup plus surveillé maintenant parce que les gens ne sont tout simplement plus autorisés à se comporter ainsi.

Comment Titanic a changé sa vie.

Le tournage de Titanic a duré sept mois. J’ai beaucoup appris sur le processus de réalisation d’un film. Il y a tant à apprendre et cela prend beaucoup de temps et on ne me l’avait pas enseigné à l’école. J’ai donc appris à la volée, vraiment à la volée. Cette expérience de réalisation de ce film a été riche, j’ai appris beaucoup de choses. Mais cela a changé ma vie parce que cela m’a donné la liberté de choix, et c’était incroyable à l’âge de 21, 22 ans. Mais je vais être tout à fait honnête, je n’étais pas prête pour ce niveau de choix. Je n’étais pas prête pour cette grande et grosse carrière. Donc, j’ai évité de jouer de grands rôles dans des films de grands studios qui avaient des budgets énormes parce que cela ne me semblait pas juste. Et les gens me disaient : « Tu es folle ! C’est un moment dans le temps. Il se peut que ça ne se reproduise plus jamais. » […]

D’une certaine manière, je savais que je n’en savais pas assez. En fait, j’avais l’impression de ne pas en savoir assez en tant qu’actrice pour pouvoir vraiment me mettre dans la peau d’une « star de cinéma. » Ce sont deux mots avec lesquels je me sentais profondément mal à l’aise – même aujourd’hui. Je voulais être actrice, et j’avais encore beaucoup à apprendre. Je ne voulais pas faire semblant, et je ne voulais pas me sentir sous pression – je ne voulais pas échouer. Je voulais être dans une position où je pourrais toujours me dire : « Je suis une actrice. » Avoir 45 ans, et pouvoir encore me dire « je suis une actrice », et ne pas avoir fait de faux pas, ne pas avoir connu la fatigue du métier et ne pas avoir fait de mauvaises performances parce que je ne savais pas comment faire à l’époque. J’ai donc pu choisir des petites choses qui m’ont fait me sentir un peu plus protégée et un peu plus connectée avec des équipes plus petites avec lesquelles je me sentais en sécurité et avec lesquelles je pouvais apprendre.

Produit par Lauren Krenzel et Thea Chaloner
Adapté par Bridget Bentz, Molly Seavy-Nesper et Petra Mayer
Traduit par L’Équipe de KWFR